L’Union européenne s’est brutalement réveillée d’un assoupissement qui la voyait prioritairement mobilisée sur la réussite de ses objectifs internes.
L’agression russe de l’Ukraine, c’est-à-dire le retour, une fois encore, de la guerre sur le continent européen, l’a poussée à réagir.
Elle l’a fait avec une rapidité inattendue. L’Union s’est mise en ordre de marche dans des conditions que personne n’aurait pu imaginer quelques jours avant le 24 février 2022.
Elle a adopté, toujours à l’unanimité, dix paquets de sanctions qui frappent 1 484 personnes et 212 entités.
Les mesures d’urgences adoptées en commun pour rompre les relations énergétiques nombreuses avec la Russie, ont été immédiates, passant, par exemple pour le gaz, en quelques mois, d’une dépendance de près de 50% à moins de 10%.
Le soutien à l’Ukraine a été massif et n’a suscité aucune division sérieuse. Plus de 67 milliards € y ont été consacrés, dont 12 milliards € pour une aide militaire.
Plus de 8 millions de réfugiés ont été accueillis en Europe et un statut de protection temporaire a été octroyé à près de 5 millions d’entre eux par une décision exceptionnelle des Européens prise dès le mois de mars 2022.
L’Union européenne et ses Etats membres ont démontré qu’ils pouvaient travailler avec une OTAN elle-même requinquée, tout en lançant un effort de défense inimaginable il y a peu encore. La complémentarité entre les deux organisations a parfaitement fonctionné.
Les Européens ont su être « raisonnables pour deux » face à l’agression russe. Leur objectif est clair : dissuader tout acteur européen de violer le droit, ses engagements et de remettre en cause les frontières internationalement reconnues. Rien d’autre. Ils ont raison d’être concentrés sur ce but qui constitue un accomplissement existentiel pour la construction européenne et pour l’avenir du multilatéralisme dans le monde.
C’est vraisemblablement la raison pour laquelle, pour la troisième fois, l’Assemblée générale des Nations unies vient de condamner la Russie par 141 voix soit 73% des nations. L’opposition à l’injonction faite du retrait des forces d’invasion n’a été exprimée que par 7 dictatures.
Quant aux abstentions, peu courageuses ou hypocrites de quelques autres acteurs, elles ne sauraient être significatives. La position européenne, basée sur le respect de la souveraineté des Etats et la liberté des peuples est comprise et soutenue par une très large majorité des pays de la planète, démentant le discours intéressés des propagandistes d’une nouvelle division du monde.
L’alliance des démocraties, qui plaide pour le respect du droit international et des traités, pour des relations internationales organisées et stables, n’est pas isolée contrairement au « narratif » de leurs violeurs.
On ne peut que regretter qu’un grand pays, membre du Conseil de sécurité, s’isole au point d’être expulsé ou de se retirer de tous les grandes organisations au risque de devenir le paria de la vie internationale, mais c’est bien la preuve que le message européen, notamment sur les droits de l’Homme, la démocratie et l’Etat de droit, demeure universel et soutenu.
Il est d’usage d’ergoter sur l’unité ou l’efficacité de l’Union européenne. C’est une spécialité locale, qui fait partie d’un discours décliniste en vogue en Occident. Mais, outre qu’elle nous pousse à toujours faire mieux, elle ne peut occulter que les Européens ont fait preuve, cette fois-ci, et dans l’urgence, d’une réelle efficacité, d’une unité et d’une volonté commune jusqu’ici rarement vues.