fr en de
portrait

Pourquoi l’Europe soutient l’Ukraine

[Cet éditorial est également disponible en ukrainien.]



L’Europe est fragile.

L’addition de tant de démocraties ne peut pas être un fleuve tranquille.

Elles sont toutes traversées de courants régressifs, populistes, extrémistes, nationalistes et xénophobes.

Les déstabiliser et les attaquer est donc plus facile et c’est bien à quoi s’emploie systématiquement, depuis plusieurs années, Vladimir Poutine.

Il ne peut supporter durablement le constat de leurs succès économiques, sociaux et politiques comparés à l’échec de son pays, le plus étendu du monde, peut-être le mieux doté en ressources minérales et dont la richesse est inférieure à un seul des Etats de l’Union européenne.

Nous avons donc à nos frontières un ennemi officiel et assumé, qui nous a déclaré la guerre il y a déjà plusieurs années.

Mais son plus grand crime, parmi tant d’autres liberticides, est d’avoir voulu modifier par la force une frontière européenne en attaquant l’Ukraine.

Toute l’histoire du continent nous apprend comment ce type de comportement se termine : Deux guerres mondiales nées au cœur de l’Europe, les pires dictatures nées chez nous, des génocides impensables, le crime sublimé, etc.

Si le dictateur russe gagnait, le précédent serait désastreux pour toute l’Europe. Il s’en faudrait de peu alors pour que l’Europe s’embrase à nouveau. Les Balkans occidentaux ne seraient pas les derniers, mais on trouve partout sur le continent des ressentiments dus à la géographie ou à l’histoire qui ne demandent qu’à se réveiller.

Ils sont pour l’instant contenus par l’attraction et les finances de l’Union européenne et par la puissante armée des Etats-Unis d’Amérique. La carotte et le bâton en quelque sorte ! Sans intervention américaine dans les Balkans, ceux-ci seraient encore en guerre. Sans présence et perspective européenne, la région aurait de nouveau sombré dans les folies identitaires.

Nous n’avons en aucune façon à rougir de notre soutien à l’Ukraine face à une agression injustifiée aux conséquences qui pourraient être incalculables. Nous ne pouvons pas accepter la victoire du fait accompli, de la force et du mensonge, ni de la violation si manifeste d’engagements internationaux. Cette fois-ci, nous ne commettons pas les erreurs des années 30, qui ont vu les démocraties, par faiblesse, prudence ou couardise, rendre possibles les monstruosités.

Nous n’avons même pas le choix : Soutenir de toutes nos forces l’Ukraine qui incarne l’honneur, c’est être du côté du courage et de la résistance à l’oppression, de la vérité, de la paix et de la démocratie; ce sont nos valeurs et ce que nous avons de meilleur. Il ne faut pas faiblir et il convient, quel qu’en soit le prix, de tout faire pour arrêter Poutine !
signature