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L’Allemagne à la peine en Europe

Les élections législatives de septembre 2021 ont, elles aussi, abouti à une majorité hétéroclite composée de verts, de socialistes et de libéraux. L’esprit civique si particulier des Allemands a conféré aussitôt à la coalition gouvernementale une stabilité surprenante.

Il est vrai que les défis qui attendent les dirigeants sont considérables. Ils sont autant économiques que diplomatiques et politiques.

De mauvais choix économiques passés vont se payer très cher. Le brutal rejet de l’énergie nucléaire, la dépendance assumée au gaz russe malgré les alertes amicales, la préférence solitaire pour l’exportation lointaine, vont entraîner cet hiver coupures et rationnement, goulets d’étranglement et pénuries. Des ministres écologistes rouvrent les centrales à charbon et à Bruxelles les constructeurs automobiles résistent à l’électrique. Le ministre des Finances, chantre d’un ordo libéralisme d’un autre âge et contrairement au Traité de coalition de son gouvernement, recommence à plaider pour l’austérité alors que la croissance s’essouffle.

Un certain mercantilisme imperturbable n’est plus possible à la 1ère économie de l’Union européenne désormais confrontée à d’importants défis stratégiques.

Dans ce domaine l’Allemagne est largement désarmée. Elle a confié sa sécurité à l’OTAN, son armée à son Parlement, ses équipements à ses industriels. Au point que son Chancelier a annoncé un plan de 100 milliards € de dépenses d’équipements sensé faire de la Bundeswehr « la 1ère armée conventionnelle d’Europe ». Outre que cet objectif peut être questionné de plusieurs manières, il est probable qu’il ne sera pas atteint facilement. Il a au passage, renoncé aux accords passés entre Angela Merkel et Emmanuel Macron tendant, en construisant ensemble l’avion et le char de combat du futur, à jeter les bases d’une industrie de défense européenne, condition préalable à une véritable défense commune. Préférant acheter américain, l’Allemagne ne choisit pas la voie européenne.

Déjà dans la crise sanitaire, son premier réflexe a été de fermer ses frontières avant que de se raviser sous pression française. Dans la crise ukrainienne, elle s’est d’abord gardée de toute position claire, se confortant dans une attitude « d’honnête courtier », comme elle l’a fait face à la Turquie qui menace la Grèce de son comportement et de ses déclarations.

Il n’y a pour l’Allemagne comme pour toute autre nation du continent, de réponse efficace et forte aux défis du moment qu’à travers la coopération européenne.

Il lui faut donc réapprendre la solidarité et à savoir faire passer ses intérêts politiques à court terme derrière une vision claire de l’avenir de l’Europe.

Avec la France, elle en est comptable et responsable car c’est aux plus grands et spécialement à ces deux pays de montrer l’exemple d’une intégration qui progresse. On en est loin malgré les grandes déclarations officielles. C’est dans les faits que la solidarité doit être prouvée. Pour son plus grand bénéfice mais aussi celui de l’Europe.

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