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Le totalitarisme est-il soluble dans la diplomatie ?

1997 : Souvenirs de Hong Kong

Le 25ème anniversaire de la rétrocession de Hong Kong a marqué la fin des libertés dans ce territoire.

Je faisais partie des trois personnalités représentant la France aux cérémonies du 1er juillet 1997 marquant l’issue d’un bail de 99 ans concédé aux Britanniques.

Alors que les troupes britanniques défilaient au pas martelé du Auld Lang Sine (Ce n’est qu’un au revoir) avec la dignité dont elles savent faire preuve en ces occasions, déjà pointait sous les postures des jeunes soldats chinois la rhétorique nationaliste d’un Parti Communiste en pleine ascension et, surtout, en pleine reconquête. Ils rivalisaient d’assurance et de fierté hautaine, en forme de provocation.

Margaret Thatcher, présente sur les lieux, regrettait de devoir « céder aux communistes » un joyau asiatique. Tony Blair faisait bonne figure, malgré les circonstances, le prince Charles, représentant la Couronne en habitué des cérémonies de décolonisation, laissait entendre qu’il avait peu d’illusions sur la suite. Tous comprenaient qu’avec l’Union Jack on repliait aussi les espoirs d’une société trépidante de liberté.

Le gouvernement chinois s’était engagé à maintenir pendant 50 ans le statut de Hong Kong, c’est-à-dire des libertés d’expression et d’action, impossibles en territoire continental. Sa promesse n’a pas tenu. 25 ans plus tard, l’empereur chinois est aujourd’hui entré victorieux dans l’antre du capitalisme financier asiatique.

On pressentait alors, sous une pluie battante, annonciatrice de bien d’autres nuages, qui cachait nombre d’intentions non dites, combien le destin du territoire serait noir et sombre. Malgré les exhortations de Chris Patten, le dernier et visionnaire gouverneur de l’île et de ses dépendances, dont les tentatives pour prolonger des institutions démocratiques naissantes étaient louables, le Parti communiste chinois n’a pas mis longtemps pour renier sa parole, comme le font toutes les dictatures.

Hong Kong prendra vite le visage triste de la dictature 4.0 que Xi Jinping impose à la Chine. Les voix divergentes et les oppositions dissidentes y sont muselées. L’argent est roi mais la parole est interdite.

L’avenir du territoire sera écrit par le Parti, avec son cortège de mensonges et de slogans. « Un pays, deux systèmes », c’était la promesse officielle de respecter les libertés. C’est, en réalité, une tromperie de plus. Comme d’habitude, les dictateurs ne peuvent tolérer aucune incartade.

Après Poutine, sa guerre, son agression et ses mensonges, imperturbablement répétés par son ministre des Affaires étrangères, Droopy sinistre de la vie internationale, ce pied-de-nez chinois à la démocratie en annonce d’autres. On ne peut que s’inquiéter du sort des libertés individuelles et collectives sur une planète frappée de régression.

Il va falloir se préparer au grand combat qui se prépare, pour la liberté et contre les dictatures. Nous aimerions bien y échapper, nous Européens, qui avons démontré chez nous qu’on pouvait régler pacifiquement nos différends. Il n’est pas certain que nous y parvenions et il est hélas probable que nous soyons prochainement contraints d’affronter ceux qui asservissent leurs propres peuples et voudraient progressivement nous réserver le même sort.

En affirmant que la seule issue au conflit qu’il a déclenché était la capitulation de l’Ukraine, Poutine nous oblige à le défaire, au moins à l’arrêter, alors que jusqu’ici l’Occident s’est montré raisonnable pour deux en refusant l’escalade et la confrontation directe. Nous en avons la force. En aurons-nous l’audace ?

Allons-nous continuer à voir mourir les Ukrainiens sous les sales bombes et les excès russes ? Allons-nous accepter longtemps ce génocide perpétré sous nos yeux sur le sol européen ? Allons-nous laisser les dictateurs dicter l’agenda des relations internationales au nom de la froide logique de la diplomatie ?

Ou prendrons-nous enfin la mesure du défi qui nous est lancé par cette dictature, au nom de toutes les autres, et réagirons-nous en usant de la force légitime au service du droit ?

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