Les élections législatives en Allemagne, avec un résultat serré et incertain, ont montré, une fois encore, les difficultés actuelles des démocraties, qui font la joie des autocrates et des dictatures.
Il ne sera pas aisé de former une majorité alors que l’Allemagne nous avait habitués à la stabilité d’une démocratie parlementaire apaisée. Le souci de représenter toutes les tendances d’une opinion divisée, illustré par un mode scrutin complexe va de nouveau obliger à la formation d’une coalition.
En Europe, les accords de gouvernement nécessitent de plus en plus de partis, parfois jusqu’à 4. Ils sont au nombre de 13.
Les coalitions sont nombreuses et pléthoriques ; les négociations pour les construire, longues et laborieuses.
Les grands partis traditionnels connaissent la défaveur des opinions et régressent partout. Leurs échecs profitent à des partis émergents ou aux extrêmes. C’est ainsi que les Verts ont profité de l’érosion des partis les plus puissants tandis que les extrêmes ont prospéré sur leur difficulté à se distinguer les uns des autres. Le populisme nait de l’espoir de changer de politique quand les contraintes imposent aux acteurs des politiques très proches, voire identiques. Les différences entre la gauche et la droite sont ainsi souvent difficiles à identifier quand les réalités économiques et financières s’imposent. Cela ne contribue pas à rapprocher les citoyens de la vie politique.
Ainsi les élections deviennent de plus en plus des choix de personnes plus que de programmes.
En Europe, cela conduit à des pays gouvernés par des responsables expédiant les affaires courantes. Il y a peu la Belgique a attendu 589 jours, soit 19 mois pour se doter d’un gouvernement, les Pays-Bas n’ont pas réussi à former une majorité depuis le 17 mars, soit 7 mois. Apparemment cette situation n’est pas un drame et n’interdit ni la croissance ni la stabilité ! Mais tous les Etats ne vivraient pas aussi calmement l’absence d’un gouvernement légitimé par des élections.
L’Allemagne à son tour entre dans cette période d’incertitude. Plusieurs types de coalition y sont possibles. Et si le parti qui dominait dans la précédente législature semble battu, ce ne sera pas forcément son opposant, qui gouvernait d’ailleurs avec lui, qui sera obligatoirement le gagnant…
Ces résultats sont donc une mauvaise nouvelle pour l’Allemagne et pour l’Europe. A l’image écornée de la politique des partis pourrait s’ajouter l’immobilisme d’accords âprement négociés et gravés dans le marbre. Tout le contraire des nécessités du moment !