L’Europe a besoin de bouger ! Les défis externes et internes qui lui sont lancés nécessitent vraisemblablement beaucoup de changements. Sa sécurité, sa croissance, sa puissance et le soutien des peuples dont elle a besoin, vont exiger des révisions de ses politiques et des décisions audacieuses.
Les élections législatives allemandes du 26 septembre sont donc particulièrement importantes. Une nouvelle ère s’ouvre pour la première économie du continent qui change de dirigeant au moment où nombre des fondements des succès allemands sont remis en cause.
Il va lui falloir se préoccuper de sa défense qu’elle avait confiée à d’autres depuis la tragédie de la guerre. Elle va devoir adapter son modèle fortement exportateur à la nouvelle donne stratégique, notamment en Asie et aux frontières est et sud de l’Europe. Elle va affronter la numérisation et le verdissement de son industrie qui sont des moments coûteux ; elle doit réussir l’intégration d’une forte population étrangère avec une démographie en berne.
La plupart de ces défis devront être relevés avec et dans le cadre de l’Union européenne. Une Allemagne stable est donc nécessaire à l’Union européenne.
Or, la terne campagne électorale qui s’achève n’a pas révélé de grands débats de fond et s’est finalement montrée très provinciale. On y a peu parlé d’Europe et de questions internationales; il a été parfois difficile de trouver des oppositions capables d’identifier les camps en présence.
Plus inquiétant, les deux principaux partis politiques sont en perte de vitesse, comme partout dans les démocraties occidentales et il est possible qu’un troisième soit nécessaire pour former une coalition, ce qui sera un facteur d’instabilité.
S’il est un succès de la République fédérale, c’est bien celui d’avoir construit une démocratie parlementaire apaisée, appuyé sur un système politique organisant de puissants contre-pouvoirs au point même d’avoir choisi un mode de scrutin interdisant quasiment à un seul parti de disposer d’une majorité absolue.
Ce système pourrait bien se retourner contre les intentions de ses auteurs. Les négociations pour la formation d’une majorité pourraient être longues et fastidieuses et durer plusieurs mois pour aboutir finalement à un programme de gouvernement privilégiant le statu quo, voire l’immobilisme.
La crainte des réformes et des longs mois d’incertitudes, un mot que les Allemands détestent et qui aiguise leurs peurs, pourraient se révéler préjudiciable aux avancées européennes. Mais il est vrai aussi qu’Angela Merkel pourrait assurer cette très longue transition en restant Chancelière, pourquoi pas, jusqu’au printemps !