A l’approche d’un scrutin, comme désormais souvent dans les libres démocraties, c’est la foire aux fausses nouvelles, aux plus éhontés des mensonges, aux « fake news » et au complotisme !
Personne n’est plus épargné, ni du côté de ceux qui sont salis, ni du côté des auteurs de ces infamies. Un ancien sous-ministre français, que la politique a quitté, reconverti dans le complotisme qui rapporte bien davantage, a ainsi trouvé un éditeur et des journalistes pour relayer sa délirante thèse selon laquelle la construction européenne est le résultat d’un complot américain. Pour accréditer une telle énormité, tous les scrupules devaient être mis de côté.
Les outrances de ce Rouletabille en herbe rappellent en effet les méthodes de son ami Poutine. A la réécriture idéologique de l’histoire, il ajoute fausses preuves et malicieuses interprétations, approximations et inventions. A défaut d’un discours construit contre l’unification de l’Europe, dont le principe n’est même plus contesté par la plupart des extrémistes, il manie, comme personne, les insinuations pour salir Robert Schuman et Jean Monnet.
Insinuer est l’arme des lâches car des salissures il restera toujours des traces. Reconstruire l’histoire a posteriori permet d’y inoculer le mensonge à des fins idéologiques. Faire le faux ingénu permet de tenter d’éviter d’avoir à en rendre compte, le moment venu, devant la justice ! Une attitude indigne de quelqu’un qui est censé avoir servi l’Etat et qui le dessert à chaque mot.
Pour faire face à de tels excès, on devrait pouvoir compter sur les journalistes dont le métier est d’abord de vérifier les faits avant de les rapporter. Certains, honorant leur profession, l’ont tenté. Mais l’élection présidentielle américaine, le débat référendaire sur le Brexit au Royaume-Uni, et probablement l’élection européenne, démontrent que l’outrance l’emporte désormais sur la raison. On lui donne une parole qu’une simple vérification préalable lui aurait interdit. Le spectacle est préféré à la réalité, la rigueur et la vérité deviennent désuets.
On peut tout affirmer pourvu que cela créé un scandale ! Et les micros de se tendre un moment avec gourmandise, quelles qu’en soient les conséquences ! Les victimes n’ont plus le choix que de répliquer, offrant ainsi aux coupables la publicité qu’ils en attendent, ou se taire en comptant sur la ridicule boursouflure de ces attaques et la vanité de l’information en continu.
Tout se vaut. Sont d’emblée placés sur le même plan, l’accusation la plus grave autant que la bonne foi, le roman historique autant que la vérité de l’histoire. A ce rythme, les opportunistes impunis auront vite fait de détruire tous les symboles, toutes les icones, tous les piliers de la vie en société. La place est alors faite aux puissances étrangères pour leurs menées inavouables, aux manipulateurs pour promouvoir leurs intérêts particuliers, aux ennemis de la démocratie et de la vérité pour semer le trouble et rêver du chaos.
Car, finalement, en travaillant ainsi contre leur pays, ces fous dangereux et leurs complices qui leur donnent la parole font évidemment le lit de nos ennemis, de nos concurrents et de leurs noirs desseins. En attaquant ainsi les Pères fondateurs de l’Europe, qui ne sauraient mériter ces fausses polémiques, ils se déshonorent et méritent l’indignité.