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Brexit Blues

Il faut aller au-delà des congratulations quant à l’issue de la négociation du Brexit qui, fort heureusement, se termine raisonnablement, même si sa ratification ne va pas de soi et que l’affaire est loin d’être terminée. Le départ de l’Union européenne du Royaume-Uni n’est une bonne nouvelle pour personne.

Les Européens n’ont pas su l’empêcher, malgré un contexte international qui aurait dû prévaloir sur le strict respect des règles européennes. A tout le moins un accord renforcé de sécurité et de défense aurait pu symboliser une communauté d’intérêts stratégiques entre les îles britanniques et le continent. Est-ce la nature de l’Union, réellement politique qui a effrayé nos partenaires d’outre-Manche, généralement plus pragmatiques et plus mercantiles ? Est-ce la méthode communautaire, finalement contraignante, qui ne leur a pas laissé suffisamment de liberté politique ? Est-ce, de la part des Européens, l’absence d’un projet d’avenir enthousiaste pour le XXIème siècle qui n’a pas su retenir un peuple nostalgique de sa prestigieuse histoire ?

Du côté des Britanniques en effet, le bilan du Brexit est jusqu’ici encore plus accablant. Le référendum du 23 juin 2016 avait pour finalité de guérir le parti conservateur de ses divisions : L’intérêt du parti a été préféré à celui du pays. Où sont les brillantes élites qui ont su au fil des siècles porter l’intérêt supérieur du royaume ? Qu’est devenu le Royaume-Uni ? Une plateforme offshore ancrée au large du marché unique, largement dirigée par des non-Européens, financée par des milliardaires russes, asiatiques ou arabes et en rupture avec son brillant et glorieux passé ? Il a tout faux dans cette désastreuse opération, la stratégie, la tactique, le résultat. Déclencher l’article 50 sans stratégie de négociation était quasi-suicidaire ; vouloir interpréter un mandat populiste était une tâche impossible qui a conduit la Première ministre à d’emblée exclure de rester dans l’union douanière et le marché unique pour, finalement, tout faire pour y demeurer ; ignorer les bizarreries issues de l’histoire, Gibraltar, les bases à Chypre et surtout la frontière irlandaise, démontrait la légèreté d’un gouvernement qui alla jusqu’à s’affaiblir en convoquant et perdant de nouvelles élections. Un rare gâchis pour un résultat où tout le monde sera perdant !

Et là il ne s’agit plus de mettre en cause l’Union européenne, ses institutions et ses mécanismes, qui seront bientôt et bien à temps l’objet de tous les débats électoraux. Elle a plutôt été efficace et loyale. Il s’agit d’interpeller les Etats européens, incapables de s’éviter ces erreurs, cette perte de temps et d’énergie, ces conséquences forcément négatives qui finalement, traduisent bien, hélas, un manque de hauteur de vues, de réflexion et de positionnement stratégique, c’est-à-dire en fait un véritable affaiblissement. Celui du Royaume-Uni, bien sûr, mais pas uniquement.

 

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