Il leur fallait les circonstances. Quand elles sont favorables, les Européens se déploient, sortant d’un long sommeil confortable. Plusieurs décisions d'aujourd'hui l’attestent.
Le Parlement européen a enfin adopté une réforme des règles du droit d’auteur susceptible de mettre fin au pillage intellectuel auquel se livrent les géants du numérique. La création doit être soutenue et justement rémunérée quels que soient les moyens de communication. Le contenu prime sur le contenant ou le vecteur; la vraie liberté réside dans ce qui est dit et écrit et non dans l’accès généralisé. C’est une leçon européenne qui s’adresse au monde entier et qui devrait permettre de pouvoir encore disposer d’une presse libre, d’artistes innovants, d’une culture non aseptisée.
Il a aussi demandé que soit engagée envers la Hongrie une procédure disciplinaire justifiée. Non pas à propos de sa politique migratoire, dont on pense ce qu’on veut, mais à cause du glissement progressif de ses dirigeants vers une démocratie non libérale, une douce autocratie tout aussi dangereuse que les plus brutales et théorisée par son provocateur Premier ministre comme une alternative à notre gouvernance. Justice, associations, presse, minorités, sur tous ces sujets le Parlement a constaté des dérives juridiques précises et demandé aux chefs d’Etat et de gouvernement de sanctionner les autorités de ce pays, la Pologne étant déjà poursuivie dans une procédure identique. Les Européens ont appris de leur histoire qu’il faut être intransigeant avec ces errements, qui commencent en surfant sur les opinions publiques à propos de problèmes réels et peuvent facilement se terminer en dictature. Message clair adressé au ministre de l’intérieur italien qui tutoie les souvenirs du fascisme en se servant de la difficile question migratoire.
Enfin, le Président de la Commission européenne, dans son discours sur l’état de l’Union, a plaidé es-qualité pour une souveraineté européenne, pour que l’Europe accepte enfin de devenir un acteur global sur la scène mondiale.
Et de fait, à la tête de la Commission européenne, s’appuyant sur certains Etats membres comme la France et son Président, il a ouvert la voie à la construction - qui reste à réussir - d’une véritable défense de l’Europe. Nul ne pourra dire que l’exécutif européen n’a pas fait son devoir pour aider les Européens à rattraper leur retard en la matière. Aux Etats membres d’accélérer maintenant.
Avec l’Europe, le pire n’est jamais sûr!
Ballotée comme toutes les démocraties par un monde qui change à vitesse accélérée et qui fait la part belle aux démagogues, surprise par des questions aussi urgentes que la crise migratoire, si lente parfois à décider, par exemple, à conforter l’euro, elle finit toujours par s’ébranler, puis décider et agir. Poussés par les citoyens en colère, aidés par les circonstances, les Européens se réveillent. Il ne sert à rien de dire que c’est bien tard. C’est une bonne nouvelle pour l’avenir.