Trois évènements viennent de mettre en évidence le caractère incontournable de la dimension européenne dans la vie politique du continent.
La crise catalane est à un tournant. Les Catalans attachés à l’Espagne manifestent désormais ouvertement leur hostilité à un départ aventureux de l’Union européenne. Trois de leurs plus grandes entreprises ont déjà transféré leur siège sur le territoire espagnol pour garder le bénéfice de l’appartenance à l’euro et à sa régulation financière. D’autres suivront.
Theresa May se prononce désormais pour une « sortie douce » de l’Union européenne et surtout de son grand marché intérieur, de ses règles et de ses pratiques. Elle réclame une période transitoire, aveu du choc que ses décisions venant après un vote d’humeur, ont déjà provoqué sur l’économie britannique et qui pourrait, si elle persistait, s’avérer plus grave encore.
Dans un autre registre, de moindre importance, en France, le Front national a pris acte du refus des Français de quitter l’euro dont il ne voulait plus et qui lui a valu une déconvenue électorale sévère. Il s’apprête à modifier sur ce point son programme irréaliste.
Qu’on le veuille ou non, la dimension européenne fait bien partie de la vie de nos nations. Les peuples d’Europe y sont attachés et viennent régulièrement rappeler aux populistes de tous bords qu’ils considèrent l’appartenance à l’Union comme un acquis.
Cela ne l’exonère en rien de ses insuffisances, de la nécessité de l’améliorer toujours, mais exige certainement des acteurs politiques un peu plus d’engagement.
Un vrai débat démocratique en Catalogne, et même dans toute l’Espagne, sur les conséquences d’une indépendance voulue par une minorité extrémiste, aurait été nécessaire. Au Royaume-Uni, un langage de vérité sur les avantages et les inconvénients de l’appartenance à l’Union, un peu de courage de la part des gouvernements qui ont littéralement caché à leurs concitoyens pendant des décennies ce que l’Europe leur apportait, aurait certainement évité une décision préjudiciable à leurs propres intérêts. Un peu de mesure dans les critiques - il en est de justifiées - aurait évité la floraison des mouvements populistes et démagogiques qui s’est fanée dans des déculottées électorales. Comme quoi les Européens sont des électeurs avisés! Mais ce n’est pas une raison pour oublier l’Europe et s’endormir, rassurés par leur sagesse. Pour qu’elle reste ce bien précieux qui les unit face à tant de poussées de fièvre, il faut s’y engager pour encore et toujours la parfaire.