Dans le grand chambardement international du moment, aggravé par les catastrophes climatiques et agrémenté de quelques surprises stratégiques, les Européens semblent avoir décidé de bouger.
Une nouvelle génération de dirigeants ne se satisfait plus de la lenteur des réactions européennes aux bouleversements internationaux; la France d’Emmanuel Macron retrouve son rôle d’agitateur d’idées qu’elle tenait par occultations depuis la création de l’Union européenne; Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne n’a apparemment pas l’intention de s’endormir comme certains de ses prédécesseurs.
C’est réellement une nouvelle étape qui s’annonce pour l’Europe.
D’abord parce qu’elle ne sera pas seulement diplomatique mais donnera lieu à débats; c’est la volonté des chefs d’Etat et de gouvernement, et, de toutes façons, les pulsions nationalistes qui traversent le continent - comme tant d'autres d’ailleurs - ne laisseront pas d’autres choix que d’avoir de vraies discussions sur l’avenir.
Ensuite, parce qu’après la crise, ce qu’il est urgent de réaliser pour mettre les acquis européens à l’abri paraît devoir rencontrer l’accord des principaux dirigeants: conforter définitivement l’euro, se mobiliser pour une politique migratoire commune, s’armer contre le terrorisme et la criminalité transfrontière, penser la défense de l’Europe.
Certes le consensus n’ira pas de soi, comme toujours. Mais à quelques uns, il est possible de montrer l’exemple.
L’agenda européen des prochains mois s’avère donc particulièrement intéressant.
Le président français a annoncé, à Athènes, des propositions pour une « feuille de route à dix ans » et son approche ne manque pas d’originalité et de pertinence: Organiser l’Europe face au monde pour lui permettre de rivaliser avec les deux autres grandes puissances que sont les Etats-Unis et la Chine, choisir de le faire avec plus de démocratie et en y associant les opinions, mettre l’accent sur la culture, fondement de l’identité.
Jean-Claude Juncker prononce le 13 septembre son annuel discours sur l’état de l’Union et ne sera pas en reste quant à l’ambition. Il est attendu sur d’importantes équations internes, la Pologne, la Hongrie, l’Europe centrale, les réfugiés et sur sa perception des défis externes, les Etats-Unis, la Turquie, le commerce, la sécurité.
Après les élections générales allemandes, qui confirmeront un engagement européen national vraiment consensuel, devrait donc s’ouvrir un moment européen très spécial.
Cela va tanguer, discuter, hésiter, mais avancer. Enfin! Soyons prêts.