La campagne électorale privilégie les questions intérieures. Cela se comprend, même si on peut le regretter. Pourtant, les premiers jours du nouveau président de la République seront quasi-exclusivement consacrés à l’agenda européen.
Il prendra ses fonctions le 16 mai. Les 21 et 22 juin prochains se réunira le dernier Conseil européen de la présidence allemande qui doit adopter une « feuille de route » pour la réforme, d’ici 2009, des institutions de l’Union européenne. Nul ne doute que ses premiers voyages seront au moins pour Berlin et Bruxelles. Il y passera beaucoup de temps et devra y consacrer beaucoup d’énergie.
Avec son vote négatif de 2005, la France s’est marginalisée. Elle est responsable du malaise européen qui, depuis, s’est propagé par contagion. 18 Etats ont donné leur accord au traité établissant une Constitution pour l’Europe. Ils n’ont aucune raison particulière de nous être agréables en revenant sur leurs votes. Nous devrons donc consentir quelques efforts particuliers pour retrouver notre place en Europe et convaincre que nous sommes des partenaires fiables. Nous sommes très attendus, mais il y aura un prix à payer.
Ainsi nous aurions tort de croire que nous allons dicter le texte d’un nouveau traité institutionnel. Nous pouvons tout au plus écrire celui qui nous paraîtrait acceptable par nos concitoyens. Il faudra le confronter à deux tiers des Etats membres qui n’ont pas rencontré de problèmes avec le traité constitutionnel. La tâche du président sera difficile et la négociation européenne aussi. Ses décisions de mai 2007 engageront la France et l’Europe pour longtemps. Sa parole des premiers jours pèsera lourd sur notre économie, notre société et déterminera l’avenir de notre influence en Europe. Elle nécessitera une haute vision politique et un énorme travail. Fort de sa légitimité nouvelle, il devra expliquer aux Français sa conception de l’intérêt supérieur de la France, qui ne peut être que de nous réinvestir positivement en Europe. Nous serons alors bien loin de la campagne électorale. Mais le travail de conviction sera toujours à faire.