Pour la seconde fois depuis un siècle, aucun parti britannique ne pourra gouverner seul après les élections du 7 mai. Malgré un mode de scrutin majoritaire à un tour, la formation d’un gouvernement exigera une coalition. C’est déjà le cas dans 20 autres pays de l’Union européenne.
Les grands partis de gouvernements sont affaiblis. Les votes protestataires se multiplient. Des « frondeurs » se désolidarisent de leurs mouvements. Des coalitions inattendues se forment sous l’empire de la nécessité de gouverner. Les politiques traditionnelles sont en miettes.
Cette fragmentation des scènes nationales a plusieurs causes et n’est pas sans conséquences.
Les vieilles idéologies sont mortes, discréditées par l’histoire. Entre la droite et la gauche, les différences s’estompent. L’action est contrainte par l’impératif d’adaptation à la nouvelle donne. Les bouleversements de l’économie mondiale bousculent tous les partis, pris de court par l’addition des avancées technologiques et des mutations géopolitiques qu’ils sont souvent incapables d’expliquer, la plupart du temps d’assumer, et toujours d’anticiper.
La gauche européenne ne s’est jamais remise de l’échec et des horreurs du communisme. La droite en Europe n’a pas su inventer une lecture claire et positive de la globalisation. Les conséquences pour la Démocratie en Europe sont considérables.
La volatilité des électorats pousse encore un peu plus les responsables politiques dans la réaction, l’immédiat et le court terme.
La crédibilité des responsables politiques est critiquée, voire leur honnêteté suspectée.
La légitimité de l’action publique est systématiquement contestée, comme on le voit avec l’Europe, critiquée pour son déficit démocratique alors qu’elle est encore largement tributaire des Etats.
L’efficacité des gouvernements est mise en cause, principalement parce que leurs acteurs sont piégés entre leurs promesses archaïques et les réalités modernes, souvent découvertes en accédant aux affaires. Les électeurs des plus vieilles démocraties se détournent ainsi de la politique au profit d’une société civile de plus en plus exigeante.
Pourtant l’Europe demeure attirante. Les innombrables victimes des conflits et de l’instabilité la plébiscitent. Les eurosceptiques eux-mêmes ont trouvé leurs limites dans l’euro qui rassure et l’alliance des pays d’Europe qui s’impose à tous par sa sagesse, comme le montre l’exemple grec de Syriza. Elle reste un pôle inégalé de prospérité, de solidarités et de justice.
Mais pour affronter les évènements qui la défient, les classes politiques sont malmenées. Tenir un discours de vérité, c’est souvent prendre le risque du désaveu. Gouverner au fil de l’eau, c’est préparer forcément le désamour.
Minées par les promesses non tenues, les exigences du pouvoir ne s’accommodent plus des petits mensonges et des grandes envolées. L’Europe politique doit changer avec célérité pour redonner à ses citoyens l’espoir qu’elle mérite.