En quelques jours, la Chancelière allemande et le Président français se sont rencontrés trois fois, ont lancé une initiative commune contre le chômage des jeunes et annoncé une contribution franco-allemande pour le Conseil européen de la fin juin.
Il était grand temps de retrouver cette voie bilatérale, qui permet à l’Union européenne de progresser, même si elle n’y suffit pas, mais qui l’empêche de le faire si l’on préfère les chemins de traverse.
L’Union doit désormais agir vite pour rendre possible la nécessaire sortie de crise.
Elle doit le faire à sa manière, celle d’une économie solide et sérieuse qui exige des disciplines budgétaires réduisant l’ampleur des déficits et donc des dettes et certainement pas en relâchant ses efforts qui commencent à produire leurs fruits.
Le prix à payer en est lourd, mais la reprise est à portée de mains.
Les Grecs, les Irlandais, les Portugais, les Espagnols, les Italiens, et bien d’autres encore, ont démontré une volonté remarquable de remettre en ordre leurs finances. Ils peuvent en espérer très vite des perspectives positives.
Mais le FMI, l’OCDE, la Commission européenne, la Cour des Comptes française, le rapport Beffa-Cromme, tous poussent désormais la France, deuxième économie de la zone Euro, trop longtemps perturbée par les conséquences d’une grande alternance, à réussir l’agenda de réformes difficiles qu’elle doit maintenant affronter. D’elle dépend largement la reprise en Europe. Non pas en s’affranchissant des disciplines, il n’en est plus question, mais en convergeant avec ses partenaires en matière de fiscalité, de politique économique, de réglementation du travail, c’est-à-dire en libérant toutes les énergies, les imaginations et l’inventivité dont ses citoyens sont capables.
En remettant sur la table la vieille revendication française d’un « gouvernement économique » de la zone Euro, le tandem franco-allemand lui offre la possibilité de le faire par le haut.
Décider ensemble de nos politiques économiques, budgétaires et fiscales est le meilleur moyen de valoriser vraiment le grand marché européen. Cela exige des compromis pour élaborer des accords solides afin d’entamer les changements qui légitimeront la dimension européenne mieux que tous les discours.
Loin des débats artificiels sur l’Europe et ses institutions, sur la souveraineté et sur les compétences de chaque niveau de décision, c’est en démontrant que la coopération et le choix de politiques habiles sont possibles, que Français et Allemands serviront le mieux leurs peuples et leurs partenaires.
Rien n’est gagné. Beaucoup reste à faire. Les choses sérieuses commencent.