Le 9 mai 1950, le ministre des Affaires étrangères de la République française, pour sortir des difficultés d’après-guerre, proposait une rupture quasi-révolutionnaire avec les règles les mieux établies d’un nationalisme qui nous avait conduit à tant de guerres. Robert Schuman proposait de mettre en commun ce pour quoi nous nous disputions, à l’époque le charbon et l’acier nécessaires à la reconstruction.
C’est cet anniversaire que nous célébrons, celui de la naissance du mouvement d’unification du continent européen. Depuis cette date, il n’a pas cessé. Il a permis aux pays d’Europe de jouir d’un niveau de vie inégalé.
La chute du Mur de Berlin, le 9 novembre 1989, a changé la donne et lancé une mondialisation inespérée. Accèdent aux richesses, de plus en plus disputées, des pays qui en étaient privés ; les peuples commercent et se parlent avant que de s’envoyer des diktats, le monde change d’échelle et l’humanité s’en porte mieux.
Dire que ces changements sont faciles à comprendre, à organiser, à maîtriser, serait mentir. Ils exigent beaucoup d’adaptation. Pour l’Europe aussi.
Mais le message de Robert Schuman reste d’une étonnante actualité. En dépassant les horizons, forcément étroits, de nos habitudes, nous trouverons les moyens de nous adapter à de nouvelles pratiques. L’Union européenne est à ce tournant. Elle doit prendre la mesure des nouveaux défis, y apporter des réponses concrètes. Mais l’Europe, c’est nous, c’est chacun de nos Etats, de nos concitoyens. Ce que nous voulons, nous pourrons le faire si nous acceptons de dépasser les limites de raisonnements convenus et du politiquement correct. Il est temps de s’approprier l’Europe.
Voilà pourquoi fêter l’Europe est nécessaire. Parce que le passé récent le mérite avec ses cortèges de succès, au premier rang desquels la paix et la prospérité. Parce que l’avenir économique et politique passe encore par une intégration européenne plus poussée, c’est-à-dire de nouveaux transferts de souveraineté, des mises en commun de nos forces et de nos atouts. Nous le ferons sous l’empire de la nécessité. Alors pourquoi ne pas être un peu visionnaires et courageux et le proposer plus résolument ?