Il y a désormais une gouvernance de l'Euro. Des règles strictes ont été adoptées pour le retour à l'équilibre des budgets nationaux et pour la réduction des dettes publiques. Elles devront être inscrites dans les Constitutions nationales et leur violation sera sanctionnée. Les principales décisions de politique économique seront discutées ensemble et coordonnées au niveau européen. Des mécanismes d'urgence ont été élaborés et leur mise en oeuvre confiée à la Banque centrale européenne. Un traité formalisera sous peu ces engagements, mais ils prennent effet immédiatement. Ces avancées très importantes sont soutenues par tous les Etats membres à l'exception du Royaume-Uni qui, nostalgie du laisser-faire, posture à courte vue, intérêts du moment ou erreur manifeste, s'accroche au modèle financier déclencheur de la crise, que l'Europe continentale et même les Etats-Unis tentent de réguler.
Pour la première fois depuis longtemps, toutes les institutions et les Autorités européennes ont uni leurs efforts et chacune jouera pleinement son rôle dans une rapide mise en oeuvre de ces décisions.
A ceux qui s'inquiètent de ces innovations contraintes par la situation, on peut objecter que cette exceptionnelle solidarité démontre une véritable volonté politique de rompre avec la spirale du doute, de l'indécision ou des divisions. L'esprit de coopération l'a emporté; c'était un préalable. La détermination était au rendez-vous; c'était indispensable. Ils permettent de faire un pas de géant vers une union fiscale et budgétaire qui exigera encore une vision de long terme, assumée devant les opinions publiques. A ceux qui s'émeuvent d'une Europe seulement rigoureuse, on doit rappeler qu'il ne saurait y avoir de croissance sans une remise en ordre des comptes publics. Bien sûr, l'Union doit maintenant s'atteler, avec la même énergie et de manière tout aussi coordonnée, à conforter et développer ses activités industrielles, ses exportations, sa compétitivité; elle s'en est donnée les moyens, avec des instances et des procédures qu'elle doit utiliser à cette fin.
Mais reconnaissons que les Etats membres ont fait preuve de leadership, à commencer par l'Allemagne et la France qui ont présenté des propositions acceptables par tous et des réponses adaptées à la crise. Leur volonté de n'accepter aucun veto de qui que soit, tout en s'inscrivant dans le processus d'intégration européenne est la bonne démarche, qui saura s'insérer dans le droit européen. Avec ce tournant majeur, l'Europe est crédible.
Les décisions prises par les chefs d'Etat et de gouvernement européens, le 9 décembre, contiennent beaucoup de nouveautés positives, qui traduisent une véritable volonté de sortir de la crise du doute et de la défiance.