Le multilatéralisme est plus facile à prôner qu'à mettre en oeuvre.
S'il est voulu par l'Union européenne, l'ONU en est loin.
La conférence de Copenhague sur le climat a donné une piètre image de la communauté internationale, concept bien virtuel.
Convoquer les représentant de 192 pays, déplacer 110 chefs d'Etat pour un tel résultat était-il nécessaire? On peut toujours se rassurer en constatant que nul dirigeant ne pourra plus faire abstraction des préoccupations environnementales ou prendre acte du fait que les relations internationales restent déterminées par la protection des intérêts à court terme qu'il faut aussi satisfaire.
Malgré l'engagement de Nicolas Sarkozy, d'Angela Merkel, de Gordon Brown et les décisions exemplaires de l'Union européenne dans la lutte contre le réchauffement climatique, le résultat de cette conférence est décevant, car il n'est que le début d'un lent processus alors qu'on attendait des décisions concrètes.
Le vrai multilatéralisme, "à l'européenne", tel qu'il résulte de notre expérience en Europe, exige pour le monde des institutions acceptées et dotées de compétences propres, des règles contraignantes dont l'application est vérifiable et une volonté politique courageuse d'agir en commun dans le long terme. Autant d'objectifs qui ne sont partagées ni par l'ONU et son sécrétaire général, ni par tous les Etats membres de l'organisation mondiale.
Mais la réunion de Copenhague a montré aussi que les grands Etats-continents se pensaient désormais tous en puissance traditionnelle et agissaient comme tels. C'était déjà le cas des Etats-Unis, c'est aussi la vision chinoise ou indienne. Le concept de souveraineté demeure la limite de l'ouverture, le rapport de forces celui de la bonne conscience.
Dans cette négociation, si l'avenir de la planète est en jeu, celui de l'Union européenne aussi. Elle ne peut pas accepter que les grandes décisions mondiales se prennent au sein d'un G2, Amérique-Chine. Ce couple que tout oppose repose sur le sable d'une relation débiteur-créancier bien dangereuse. Il n'est pas fondé sur des valeurs partagées et un projet de long terme. Il n'est que l'incarnation d'une Realpolitik bien instable. Il ne peut rien produire de bon pour le monde.
L'Union européenne doit donc saisir l'une des dernières chances qui lui reste de peser d'un poids politique équivalent à celui de de son économie, c'est-à-dire le tout premier sur le globe. Elle doit parler d'une seule voix politique lors du prochain rendez-vous, prévu à Bonn dans six mois. Elle doit affuter ses armes pour conduire la négociation et ne pas hésiter à s'en servir pour crédibiliser ses propositions. Toute autre formule dans laquelle les Etats européens s'exprimeraient seuls ou se contenteraient de la parure de leur idéalisme, est vouée à l'échec, comme la douloureuse expérience du Danemark l'a prouvé lors de de cette réunion brouillonne. Ici le leadership sera européen ou ne sera pas.
La future conférence doit être abordée comme une vraie négociation entre continents, avec des textes préparatoires discutés en amont, des professionnels à la manoeuvre, des dirigeants qui prennent de vraies décisions politiques et soient contraints au courage par un leadership assumé. Quant à l'opinion publique internationale, il serait bon qu'elle soit éclairée plus scientifiquement et pas seulement sous la pression de lobbyistes activistes transformés en casseurs le temps de la réunion. Son attente en serait plus légitime.
L'environnement et la planète ont besoin de l'Europe.
L'Europe a besoin de se surpasser, de montrer sa force et sa puissance.
Cela aussi, l'opinion l'attend.