Le sommet des 20 pays les plus développés et émergents, réunis à Washington le 15 novembre, a marqué un consensus inédit pour instaurer une régulation, une vraie transparence et une surveillance du système financier, poumon de l'économie mondiale. On aurait tort d'en sous-estimer l'importance, un peu occultée par la technicité des décisions prises. Cet accord devrait permettre de retrouver la confiance. En réalité commence un processus multilatéral, long et complexe, d'élaboration de règles nouvelles destinées à éviter les errements qui ont conduit à la crise financière. Rendez-vous est déjà pris pour le mois d'avril prochain.
Par ailleurs, le G 20 a placé sa réunion sous le signe du refus du protectionnisme. Il faut maintenir ce cap et ce ne sera pas toujours facile. Rien ne serait pire, en effet, que d'ajouter la crise à la crise en fermant portes et fenêtres aux échanges internationaux et en se repliant sous la tente frileuse des intérêts nationaux. L'histoire nous enseigne que les crises brutales, comme celle que nous traversons, peuvent se terminer par un regain de nationalisme, porteur de ressentiments et souvent de conflits graves. Les échanges sont et demeurent un facteur de paix, de progrès et de partage de la richesse, conditions du développement économique.
Dans ce mouvement, l'Europe a tenu le tout premier rang. L'initiative de cette réunion lui revient et c'est à la présidence active et efficace de la France qu'on le doit. Elle a aussi pesé sur le contenu des décisions prises. Ouverte aux vents du large, riche et prospère, l'Union, après s'être longtemps laissée séduire par les mirages de l'économie purement financière, s'est ressaisie et a retrouvé puis imposé ses valeurs, ses convictions et ses méthodes. Transparence, régulation, surveillance, règles communes, normes comptables adaptées, agences de notations contrôlées, toutes ses revendications ont été prises en compte et ont rencontré l'accord des autres participants.
Elle a, en outre, convaincue que les institutions internationales devaient être réformées pour mieux prendre en compte les nouvelles réalités.
Il reste maintenant à convaincre qu'une action concertée en matière de relance économique est nécessaire au niveau mondial, comme sur le plan européen. Les Etats membres de l'Union devraient décider ensemble du soutien qu'ils souhaitent accorder à certains secteurs-clefs de leurs économies et éviter de le faire chacun dans leur coin sous peine d'être inefficaces. C'est l'intérêt commun. Si l'Union européenne, rassemblée autour de l'Euro, réussit cet exercice, elle entraînera les autres à faire de même. Et si, grâce à ces mesures, nous surmontons rapidement cette crise, nous pourrons dire que l'Europe est bien le continent du 21ème siècle; car elle aura donné le ton, écrit la musique mais aussi les paroles d'un nouvel hymne ordonné de l'économie mondiale.