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Un agenda européen pour 2025

[Cet édito est également disponible en ukrainien.] 


Chacun a compris que l’année qui s’ouvre serait importante pour l’Union européenne. Au-delà même d’institutions renouvelées – Parlement, Commission, Conseil – ce sont les Européens au sens le plus large qui sont désormais interpellés.

L’impérialisme et l’expansionnisme sont de retour. Par la force en Russie, en mer de Chine ou au Moyen-Orient, dans les mots et les déclarations aux Etats-Unis. Pas seulement de la part d’acteurs étatiques, mais aussi chez les « oligarques de la Tech », frappés par l’hubris de la capitalisation et les succès apparents (provisoires ?) de leurs affaires.

Après les excès du wokisme, laxisme de riches aux repères perdus, le retour de balancier est brutal. Il se veut libertaire, voire libertarien. Il s’attaque aux règles et, bien évidemment l’Europe, continent du droit, est directement visée.

Sur l’agenda européen figure en tout premier lieu la défense d’un modèle de civilisation policée, c’est-à-dire régulée, ce qui lui permet d’être solidaire et ouvert. La posture défensive ne saurait suffire.

L’Europe doit mobiliser toutes ses forces et reprendre la course, économique, technologique et diplomatique.  Trois préceptes parmi d’autres devraient guider son action dès le début de cette année :

Rattraper le décrochage économique par rapport aux grandes économies. Il lui faut, pour l’instant, privilégier la croissance sur tout autre objectif, condition pour réussir les transitions, retrouver la confiance des citoyens au moyen d’une création de richesses au bénéfice de tous et pour cela changer de politique économique. Mario Draghi a raison.

Stimuler l’innovation. Il convient d’arrêter « l’échelle de perroquet » qui pousse les administrations nationales et européennes à édicter toujours plus de règles et de législations. Un moratoire général sur l’adoption de nouvelles contraintes devrait être déclaré. En effet, aucune invention majeure n’est jamais résultée d’une norme légale. Elles deviennent trop nombreuses.

Bâtir une politique étrangère et de défense commune est plus urgent que jamais. La plus-value de la dimension européenne doit être démontrée dans toute avancée et on ne saurait convaincre dans ce domaine de souveraineté si l’on est poussé à penser que les institutions communes veulent remplacer les Etats membres. Chacun doit prendre sa part dans le sursaut nécessaire avec nuance et pragmatisme, sans « se payer de mots », une leçon apprise de Robert Schuman il y a 75 ans.

Face à ces défis, il n’est nul besoin de désespérer comme on le constate trop souvent chez nous. L’Europe est bien armée pour y répondre. Elle a d’ailleurs déjà entamé de véritables transformations. Elles se poursuivent.

Elle est en mesure de retrouver l’enthousiasme de ses débuts, car elle va très vite apparaître comme le meilleur exemple et la vraie promotrice de la démocratie libérale face aux dictatures et aux autocraties qui prolifèrent. Une cause à défendre avec ceux de nos alliés qui le veulent. Mais au besoin tous seuls.


 


 

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