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Trump, l’Europe, l’Ukraine et la Russie

Les Européens comprendront-ils un jour que nos alliés américains ont aussi leurs propres intérêts qui ne coïncident pas toujours avec ceux de l’Europe ?

Donald Trump semble vouloir laisser à l’Europe la tâche de régler la situation issue de l’agression russe en Ukraine. On peut le comprendre.

Mais encore ne faudrait-il pas que, dans son dos, il s’entende avant avec la Russie.

Des accords de Yalta, puis de Potsdam au mémorandum de Budapest en 1994 (qui a garanti en vain les frontières de l’Ukraine contre sa dénucléarisation), en passant par la guerre en Géorgie en 2008, la logique des intérêts étatiques et l’éloignement ont conduit nos alliés américains à souvent détourner le regard d’évènements graves dans notre proche voisinage, jusqu’au quasi-feu vert donné à Poutine avant son invasion de 2022. Et demain…

Il ne faut pas s’en étonner. La géographie a ses lois, la géopolitique aussi qui consacre la primauté des intérêts nationaux.

Le défi de la paix en Ukraine est donc aussi, pour les Européens, un défi américain.

Ils ne peuvent accepter la réintégration de la Russie dans le concert des nations que constituerait un accord américano-russe sans en être partie prenante.

Toute autre solution serait inacceptable et dangereuse. Le révisionnisme, l’expansionnisme et l’impérialisme du régime de Moscou constituent des menaces durables et récurrentes pour la paix du continent. Ils doivent s’en prémunir et personne d’autre qu’eux-mêmes ne peut les en protéger.

Alors qu’on évoque un cessez-le-feu et des négociations pour mettre fin au conflit russo-ukrainien, c’est donc à l’Europe d’exprimer clairement ses conditions, en partenariat avec l’Ukraine, qu’elle a soutenu financièrement davantage que quiconque et à qui elle a offert des actes concrets de rapprochement, jusqu’à l’intégration.

Cela ne saurait remettre en cause l’alliance occidentale des démocraties, mais en précise la juste place qui ne peut s’exonérer de la responsabilité de chacun.

Pour l’Europe, c’est maintenant que se joue la paix dans la durée.

Pour cela, peut-être pourra-t-elle faire preuve d’unité ?

 

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