[Cet édito est également disponible en ukrainien.]
La réélection d’Ursula von der Leyen à la présidence de la Commission européenne traduit la grande stabilité politique de l’Union, prise dans son ensemble.
La poussée de l’extrême-droite, qui s’est traduite par l’augmentation du nombre de groupes politiques au Parlement – ils sont maintenant 8 – n’a pas bouleversé la majorité parlementaire et sa candidate a accru son score par rapport à 2019.
Les contestations nationales ont contribué à renforcer les critiques mais ne remettent en cause ni les politiques de l’Union, ni la majorité centrale qui en dirige les institutions.
Peut-on pour autant parler de continuité ?
S’il s’agit de renforcer l’autonomie européenne et la défense de l’Europe, il paraît désormais évident que cet impératif, déjà modestement pris en compte, sera renforcé parce qu’il est désormais enfin partagé.
Mais il semble aussi que des leçons seront tirées du mandat précédent. Un accent est mis sur l’économie, sa compétitivité, l’achèvement du marché unique des capitaux, bref, une mobilisation nouvelle et nécessaire pour combler le décrochage envers les grands compétiteurs mondiaux. Et cela prend un sens tout particulier au regard de la prochaine élection présidentielle américaine.
Un soutien à l’investissement en même temps qu’une pause dans les règlementations devrait soutenir la compétitivité. Sans remettre en cause les objectifs environnementaux, la présidente réélue de la Commission européenne a marqué pour cela une inflexion souhaitée par nombre d’acteurs économiques, à commencer par les agriculteurs et les industriels en promettant un « pragmatisme » qui était attendu.
Les politiques européennes seront-elles en mesure de s’adapter suffisamment vite à la rapidité des changements technologiques et géopolitiques de cette époque très particulière ?
C’est vraisemblablement sur cela que sera jugée la nouvelle Commission, organe indispensable à la coordination des politiques nationales et à la construction de politiques communes.