[Cet édito est également disponible en ukrainien.]
S’il est une leçon que les politiques nationales en Europe offrent aux démocraties, c’est bien l’utilité des coalitions. En effet, au sein de l’Union européenne, seules la Grèce et Malte et jusqu’ici la France ne connaissent pas de gouvernement coalisant plusieurs partis politiques. Tous les autres scrutins législatifs ont vu leurs résultats émiettés rendant obligatoires des alliances, parfois inattendues, permettant un gouvernement stable au nom de l’intérêt général.
Pour la France, c’est une nouveauté inédite. Tout dans ses institutions s’oppose apparemment à la formation de gouvernements de coalition : Sa Constitution, un mode de scrutin majoritaire à deux tours, ses traditions, son goût gaulois et immodéré du conflit, sa faible culture du compromis.
Et pourtant le résultat des élections du 7 juillet dernier va bien obliger les partis politiques français à composer. L’intérêt du pays l’exige autant que l’opinion publique, qui n’acceptera pas longtemps les postures et les atermoiements.
La coalition, pour former ou soutenir un gouvernement, c’est le commencement d’un dépassement, le début de la sagesse, parfois le gage de l’efficacité. Face à la complexité des problématiques publiques, il n’y a plus de certitudes péremptoires, d’emportements idéologiques ou de vérités uniques. Pour les résoudre, il faut additionner les analyses, discuter les solutions, partager les forces.
En acceptant déjà de laisser de côté les intérêts personnels et partisans pour accepter un programme législatif minimal dans l’intérêt supérieur du pays, loin de déchoir, les politiques français rejoindraient une pratique européenne quasi-unanime, qui respecte les citoyens et les règles démocratiques quand elle est transparente et assumée.