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L’Europe, dernier rempart contre les extrêmes

[Cet édito est également disponible en ukrainien.]

Cela ne va pas plaire mais c’est la vérité. L’Union européenne demeure l’un des remparts les plus solides contre les extrêmes. Les programmes démagogiques présentés en campagne électorale dans les Etats membres ne sont généralement pas appliqués parce qu’incompatibles avec l’appartenance à l’Union européenne. L’Italie en est la preuve la plus récente. Demain la France ?

Pourquoi ?

Les entrelacs étroits tissés entre les Etats membres concernent autant leurs intérêts souverains que les valeurs qu’ils prétendent partager avec les Européens.

L’Euro a évité bien des impasses financières, voire des dévaluations ; et si certains le regrettent parce que cela a permis un certain laxisme, les citoyens n’en ont pas payé le prix. Les disciplines communes – dont on peut parfois contester le bien-fondé – ont maintenu les économies européennes dans un spectre raisonnable. Qu’en aurait-il été sans la garantie de la Banque centrale et les règles budgétaires communes ?

Le droit européen s’est appliqué partout, au prix du rappel des engagements à gérer sérieusement.

S’agissant des valeurs, il n’y a pas de contraintes, il n’y a que des promesses nationales de respecter l’Etat de droit, la Charte européenne des droits de l’Homme et les valeurs rappelées dans les traités européens, que les Etats membres ont démocratiquement ratifiées. Les gouvernements passent, l’Europe reste avec son corpus d’engagements juridiquement sécurisés et consacrés par les lois nationales. Le PiS polonais, le Fidesz hongrois de ViktorOrban, n’ont pas pu mener à bien leur agenda souverainiste parce qu’il leur a été rappelé ce qu’ils avaient voté.

L’Union européenne n’est pas un menu à la carte. On en respecte les règles communes ou on en sort. Ce fut le choix du Royaume-Uni qui en paie aujourd’hui le prix amer.

La campagne électorale française, qui inquiète tant sur le continent, doit être vue à cette aune : Les promesses absurdes qu’on y entend d’encore dépenser plus pour satisfaire cette addiction française à la dette, ne seront pas appliquées parce que l’intérêt national s’y opposera lorsque le choix sera de rester en Europe ou d’en sortir.

Et qu’on ne nous dise pas que cela n’est pas démocratique ! C’est exactement le contraire : C’est une vraie démocratie raisonnée et solidaire que le continent a bâti ensemble pour éviter les erreurs du passé qui conduisent à la déconfiture et aux conflits. C’est une grande avancée de la civilisation et un nouveau stade de la démocratie. Avec la raison, elle peut aussi trouver à s’exercer ailleurs que dans un cadre national. N'en déplaise aux nationalistes, qui retardent d'un siècle!
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