[Cet édito est également disponible en ukrainien.]
Les élections européennes ont montré une relative stabilité des formations politiques continentales, à l’exception il est vrai de la France, de l’Italie et de l’Autriche. Partout ailleurs les mouvements souverainistes ont régressé, souvent affectés par l’exercice du pouvoir. L’Union européenne est en ordre de marche, malgré les interférences extérieures et l’accumulation des défis.
La désignation des responsables des institutions communes devrait en témoigner. Le centre-droit dominant, allié avec les sociaux-démocrates et les centristes libéraux, reconduiront leur majorité au Parlement et enverront leurs représentants exercer les principales fonctions. Cette période post-électorale d’installation en sera accélérée.
Pourtant la France s’est distinguée par une dissolution qui inquiète sur les plans économique et politique. La perspective de l’arrivée aux affaires à Paris d’une majorité extrémiste, de droite ou de gauche, est une mauvaise nouvelle pour l’Europe entière, qui reproche au Président français de n’avoir pas tenu compte des conséquences européennes de son choix principalement national.
Alors que le soutien à l’Ukraine a été rappelé et amplifié par les Européens et par le G7 élargi, que les pressions s’accentuent sur Poutine et sur l’économie russe, cette incertitude est pour le moins malvenue et met en danger l’unité européenne en permettant à des affidés du dictateur russe de s’approcher du pouvoir.
Une nouvelle mandature s’ouvre à Bruxelles et Strasbourg, qui devra affronter bien des défis. La guerre bien sûr, mais aussi la place de la norme et de la régulation dans la conduite des transitions numériques et environnementales et, au-delà, un vrai débat sur la politique économique. La relance de la croissance européenne est la seule vraie possibilité de contenir les contestations que les Etats d’Europe connaissent comme toutes les démocraties. La confiance dans l’économie européenne, déjà fragile, pâtit désormais de l’irresponsabilité des promesses extrémistes françaises.
En ouvrant une hypothèse d’instabilité, la France, dont le président avait lancé des propositions audacieuses et constructives, perd une occasion de conduire les évolutions nécessaires des politiques européennes. Son leadership s’en trouvera affaibli. A moins que l’issue du scrutin qu’elle organise soit plus favorable qu’attendu.
Une fois encore, une situation nationale pèsera sur l’ensemble de l’Union, ce qui suffit à confirmer qu’elle demeure une « Europe des nations », dont l’appellation a été détournée en slogan par des démagogues ignorants, les vrais adversaires de l’Europe.